Rentrée

Par mardi, août 30, 2022 0 No tags Permalink 0

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé les rentrées. Je les attendais avec impatience, un mélange d’excitation et de bonne peur, de celle qu’on a hâte d’affronter. Et puis j’aimais ranger les fournitures neuves dans ma trousse, préparer mon cartable, j’avais hâte d’écrire sur un cahier en m’appliquant à former les boucles au stylo encre, de m’installer à mon bureau, de retrouver les copains et surtout les récrés. 
Et pour apprendre aussi sûrement, mais avais-je vraiment conscience que c’était le but premier de l’école ? En bonne élève je ne me suis jamais souciée de l’apprentissage puisqu’il se faisait facilement, avec plaisir et sans question.
Depuis que je suis enseignante ça n’a pas changé, j’aime toujours les rentrées. Mais j’ai découvert qu’il n’en était pas de même pour tous mes élèves.
Alors, à quelques jours de la rentrée, je pense à ces élèves qui commencent à avoir mal au ventre, qui comptent les jours avec angoisse, qui n’auront pas toutes les fournitures neuves de la liste, pour qui l’apprentissage est une souffrance et la cour de récré un effort. Je pense à eux et je les attends aussi, impatiemment. Parce que c’est pour eux que je prépare cette rentrée en essayant de rendre l’apprentissage moins douloureux et moins ennuyeux. Parce que je pense que mes facilités à l’école étaient intimement liées à ma joie d’y aller. Et que pour avoir la place disponible pour apprendre, il faut d’abord connaître la légèreté d’être heureux.
Alors, essayons ça en premier.

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Service

Par mardi, août 30, 2022 0 No tags Permalink 1
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Poésie

Par vendredi, mars 11, 2022 0 No tags Permalink 0


27.03.19
28.03.19
28.03.19
11.03.22
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Les deuxièmes fois

Par vendredi, février 11, 2022 0 No tags Permalink 0

On demande rarement « et toi alors ta deuxième fois, c’était comment ? ». On ne commence pas une histoire par « je me souviendrai toujours de la deuxième fois où j’ai pris l’avion ». Quand on parle de séparation on ne dit pas d’un air entendu « oh oui le deuxième amour, ça ne s’oublie pas ».
On n’écrit pas de livre sur les deuxièmes fois. Les deuxièmes fois ne sont pas surprenantes, elles sont oubliables, elles ne marquent pas le calendrier d’une croix rouge.
Les deuxièmes fois sont plus faciles, il y est question d’habitude et d’expérience. Elles sont l’ombre des premières fois dont elles n’ont pas la saveur.
Et pourtant. Tu es ma deuxième.
Et à chaque fois que je les prononce, ces mots « c’est ma deuxième » sont bien pauvres pour décrire tout ce que tu représentes.
L’attente, la douleur et les cris, la naissance et la joie. Les nuits sans sommeil, la dépendance, le sein qui te nourrit jour et nuit. Tes deuxièmes pas, tes deuxièmes mots, tes deux ans. Notre fierté et notre amour dédoublé.
Quelle chance tu m’as donnée de revivre tout ça.
Une deuxième fois.

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Le corps des femmes

Par dimanche, août 8, 2021 0 No tags Permalink 1

Pour ma première fausse couche j’ai beaucoup pleuré, et je suis restée au lit une semaine sans sortir. J’étais tombée enceinte immédiatement, si facilement, j’ai alors pensé que la vie me voulait du mal et que c’était injuste. 

Après ma deuxième fausse couche, quelques mois après la première qui m’ont paru des années, j’ai été triste moins longtemps et si peu. Il n’y avait pas de raison de l’être, à nouveau pas de battement de cœur, seulement quelques cellules qui finalement ne s’étaient pas développées. Cette fois-ci je me suis étonnée de me sentir si vite mieux, mais  finalement s’appesantir sur la noirceur des choses, c’est rajouter de la tristesse à la tristesse. C’était une fécondation qui avait échoué précocement, rien de plus. Et puis surtout à ce moment-là… je savais. C’était une intuition profonde et tranquille.

Je savais qu’elle arriverait, que cela finirait par être son moment. Comme c’était mon deuxième enfant, je savais aussi qu’au moment de la découvrir pour la première fois, j’aurais l’impression de l’avoir toujours connue, toujours eue dans mes bras et qu’alors aucun autre essai manqué ne viendrait ternir cette rencontre, qu’elle prendrait toute la place. Et elle a pris toute la place.

 C’est vertigineux de se dire que ça aurait pu ne pas être elle. 

Que tout cela tient finalement à tellement peu de choses, à des rencontres ratées, petite poche à l’intérieur de laquelle rien ne se développe, et quelle chance finalement, ces deux essais qui n’ont pas pris, puisque le prochain c’était toi, celle que nous attendions, celle que nous aimons, irremplaçable aujourd’hui.

Après cette deuxième fausse couche, j’ai repris tout de suite le travail et ma vie, et moins de deux mois après, elle s’est installée durablement dans mon ventre.

Quand je la regarde aujourd’hui, je me dis à moi-même « tu vois je te l’avais dit, c’était elle.»

Ma toute petite.

 Alors je te parlerai de ces choses-là, je te dirai qu’il n’y a pas de secrets à poser sur notre corps, car le silence rend seule. Moi j’ai parlé et j’ai été entourée d’amis et famille, si précieux.

Et je ne me lasserai jamais de te dire à quel point le corps des femmes est puissant, à quel point le cœur des femmes est grand. 

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Sur la route des vacances

Par dimanche, août 8, 2021 1 No tags Permalink 2

6h45 – A630 direction l’océan. 

L’aire d’autoroute est pleine à craquer, à peine une place pour se garer. Ça râle, ça s’exaspère, mais pas longtemps, c’est vrai qu’on part en vacances finalement. Les yeux sont petits, plissés, les réveils ont été avancés de quelques heures pour échapper aux embouteillages d’un samedi de juillet.

Il y a Brigitte qui a du mal à émerger, adossée à sa voiture avec son gobelet en carton dans la main, les yeux gonflés comme ses cheveux, elle a fait une permanente avant de partir pour être tranquille tout l’été. Elle regarde droit devant elle, on pourrait penser que c’est pour admirer le lever du jour, mais c’est juste qu’elle fait la gueule à Bernard. Oh, ça va passer, ils se sont juste couchés un peu trop tard pour boucler les dernières valises, alors tout est motif à se chipoter. 

Survets, baskets et maillots floqués il y a Kevin, Jordan, Antoine et Wassim qui tètent leurs cafés comme des biberons, leurs mères les ont laissé s’envoler pour leurs premières vacances avec l’impression que c’était hier justement, les biberons. Ils ont eu peur que ça leur passe sous le nez, avec le covid ils ont déjà bien morflé toute l’année, aucune soirée étudiante et tellement peu d’amourettes, alors là ils sont remontés à bloc. A quatre dans la Clio c’était un peu chaud, mais au final un short de bain et un tee-shirt qui fait bien pour sortir, ils n’ont besoin de rien de plus.

Carole et Pierre se sont arrêtés pour faire boire le chien, ils ont les cheveux grisonnants et sont flanqués de leur adolescent qui parle sans s’arrêter, Pierre pose un regard attendri sur lui, leur petit dernier… et sans doute la dernière fois qu’il passera l’été avec eux.

Anna-Lou a oublié qu’elle portait toujours son bas de pyjama rose avec des licornes, ses parents l’ont posée endormie dans la voiture à 4h du matin, elle marche tout doucement, un café brûlant dans chaque main, « c’est moi qui les porte ! », en suivant de près sa maman.

Annie et Jérome sont les mieux lotis, ils savourent leur café dans leur Thermos, à l’arrière de la caravane, alors sur cette aire qui grouille de monde, c’est grand luxe.

Clope au bec, Rayane est tout sourire, son bébé dans les bras qui tourne la tête pour échapper à la fumée, pour lui les vacances ont commencé dès le départ de la maison, et ce petit café de la machine a un goût d’été qui arrive enfin, après une année de taf acharné au magasin.

Et puis il y a M. et S., ils ont fait une pause en plein milieu du podcast France Inter sur Riad Sattouf, elle a demandé un café au lait, pas une noisette hein ! Avec beaucoup de café et beaucoup de lait. La petite montre tous les chiens de l’aire en criant « chat » et le grand ne décroche pas de l’Equipe sauf pour demander à intervalles réguliers « et maintenant je peux l’avoir l’IPad ?! ». Alors eux, ils se sont transformés en darons y’a pas longtemps, ils savent pas vraiment quand. En fait, il y a eu un lent glissement, puis un jour ils ont acheté un coffre de toit et voilà. C’est bien pratique pour aller voir l’Atlantique. Et emporter leur paddle.

Les gobelets sont jetés, les mégots écrasés, les portières claquent. Bon allez on traîne pas, c’est pas tout ça, mais tout le monde a encore de la route.

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20 ans

Par jeudi, avril 22, 2021 2 No tags Permalink 1

20 ans.
20 ans que c’était hier, ce téléphone qui sonne en pleine nuit, mettant fin à quelques jours de coma, et moi qui sait immédiatement, à presque 15 ans, qu’un téléphone qui sonne en pleine nuit ce n’est pas pour nous dire que tu t’es réveillée. La terreur, le froid, la douleur. La bascule dans une autre vie, sans transition. Cette vie sans toi, une vie dont je ne veux pas, que je ne connais pas et qui sera pourtant pour toujours la mienne.
20 ans que j’ai perdu ma grande soeur, que je n’ai toujours pas compris l’expression faire son deuil, puisqu’elle semble dire qu’il y aurait quelque chose à faire, à atteindre, à finaliser, mais quoi ? Moi je n’ai rien fait du tout, je suis restée bloquée en 2001, je suis toujours triste, je suis toujours privée de soeur, il n’existe même pas de mot en français pour ça, alors je le dis comme je peux parfois « j’ai perdu une soeur » et il faut raconter alors, mettre des mots bien pauvres sur des maux indicibles, que rien ne peut décrire précisément.
Entrer dans l’adolescence avec cette forme de violence inouïe, cette sororité arrachée, ce quotidien amputé, ça forge définitivement un caractère, de ceux où rien n’est grave mais, et c’est là l’ambivalence, où tout pourrait le devenir très vite. Je suis donc de celles qui se fichent royalement des broutilles de la vie, mais qui flippent chaque seconde de perdre l’essentiel.
Je pourrais en écrire des pages et des pages sur ta lumière, sur ta magie, sur notre enfance avec nos jupes de la même couleur qui tournent, nos pièces de théâtre improvisées où l’on forçait les adultes à venir nous voir jouer, nos nuits ados, où en passant par le velux de la chambre, assises sur le toit de la maison, nous partagions la même cigarette en regardant les étoiles.
20 ans que je rentre parfois dans un magasin juste pour aller sentir ton parfum, 20 ans que j’espère qu’ils n’arrêteront jamais de le fabriquer.
20 ans que je me demande ce que tu aurais pensé de telle ou telle chose, et plus le temps passe et moins c’est simple de le deviner.

20 ans. Et c’était hier.

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Epilogue et fin

Par mardi, mars 19, 2019 8 No tags Permalink 2

Epiloque

Hiver 2016 – février

Avant de rejoindre le salon, Anastasia me chuchote :

« et avec Adam, alors ça se passe comment ? »

Je hausse les épaules, un sourire en coin. Je pense déjà à demain.  « Oh tu sais, ça va. Comme d’habitude quoi ». Je souris franchement. Dire qu’il y a peu j’en aurais pleuré.

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Episode 8 – Chapitre 39 à 53

Par mardi, mars 19, 2019 0 No tags Permalink 0


Chapitre 39

Lorsque je dépose Lucas aujourd’hui, Adam l’envoie dans sa chambre et referme à moitié la porte pour qu’il ne nous entende pas sur le palier. Il a roulé un bout de papier dans sa paume de main, et lorsqu’il le défroisse mon coeur cesse de battre un instant. Il s’agit de la minuscule photo de Rafael et moi.  Quelqu’un a dû la lui donner, Adam n’a jamais aimé la presse à scandales. Est-ce Garance ? Même froissé, sur le papier, on me voit toujours sourire pendant que Rafael m’embrasse sur la tempe, on peut même penser que je suis en train de rire.

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Café coquelicot – épisode 7 – chapitres 30 à 38

Par mardi, mars 19, 2019 0 No tags Permalink 0

Chapitre 30

Mes grands-parents ont longtemps vécu dans cette maison. Puis, l’âge avançant ils ont dû la quitter à regret. Loin de tout, ce bout du monde n’est pas tendre avec les personnes âgées. Ils se sont rapatriés dans un appartement sans escalier du 8ème arrondissement et ne revenaient aux Goudes que le week-end. Pour finalement cesser totalement d’y aller. Quelques années après ils ont intégré la maison de retraite de l’avenue du Prado, leurs économies leur permettant d’y séjourner sans vendre la maison. Je ne les avais pas pensé si riches, mais ils avaient épargné sous après sous, sans jamais dépenser. Ils avaient cédé la maison à ma mère de leur vivant, volontairement. C’était à une époque où ma mère commençait à se lasser de Paris, ils avaient espéré ainsi qu’elle reviendrait vivre aux Goudes, qu’elle maintiendrait intact le lien avec Marseille.

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