
Pour ma première fausse couche j’ai beaucoup pleuré, et je suis restée au lit une semaine sans sortir. J’étais tombée enceinte immédiatement, si facilement, j’ai alors pensé que la vie me voulait du mal et que c’était injuste.
Après ma deuxième fausse couche, quelques mois après la première qui m’ont paru des années, j’ai été triste moins longtemps et si peu. Il n’y avait pas de raison de l’être, à nouveau pas de battement de cœur, seulement quelques cellules qui finalement ne s’étaient pas développées. Cette fois-ci je me suis étonnée de me sentir si vite mieux, mais finalement s’appesantir sur la noirceur des choses, c’est rajouter de la tristesse à la tristesse. C’était une fécondation qui avait échoué précocement, rien de plus. Et puis surtout à ce moment-là… je savais. C’était une intuition profonde et tranquille.
Je savais qu’elle arriverait, que cela finirait par être son moment. Comme c’était mon deuxième enfant, je savais aussi qu’au moment de la découvrir pour la première fois, j’aurais l’impression de l’avoir toujours connue, toujours eue dans mes bras et qu’alors aucun autre essai manqué ne viendrait ternir cette rencontre, qu’elle prendrait toute la place. Et elle a pris toute la place.
C’est vertigineux de se dire que ça aurait pu ne pas être elle.
Que tout cela tient finalement à tellement peu de choses, à des rencontres ratées, petite poche à l’intérieur de laquelle rien ne se développe, et quelle chance finalement, ces deux essais qui n’ont pas pris, puisque le prochain c’était toi, celle que nous attendions, celle que nous aimons, irremplaçable aujourd’hui.
Après cette deuxième fausse couche, j’ai repris tout de suite le travail et ma vie, et moins de deux mois après, elle s’est installée durablement dans mon ventre.
Quand je la regarde aujourd’hui, je me dis à moi-même « tu vois je te l’avais dit, c’était elle.»
Ma toute petite.
Alors je te parlerai de ces choses-là, je te dirai qu’il n’y a pas de secrets à poser sur notre corps, car le silence rend seule. Moi j’ai parlé et j’ai été entourée d’amis et famille, si précieux.
Et je ne me lasserai jamais de te dire à quel point le corps des femmes est puissant, à quel point le cœur des femmes est grand.


Leave a Reply